Un
tragique pour la post-modernité ?
En ayant désenchanté le monde, les sociétés
post-modernes auraient-elles écrit l’acte de décès de la tragédie ?
Sous un Ciel vide, l’individu, nu et sans armes, serait entièrement
libre de choisir son destin. Il n’aurait plus à se consacrer qu’à lui-même dans
le bonheur de dominer le monde grâce à un progrès technique indéfini, qui
pourrait le conduire un jour jusqu’à l’immortalité. Il n’y aurait plus de Drame de la vie.
Voire. Dans un univers dépourvu de sens, la succession des jours devient
progressivement répétition, sans fin ni commencement. La destinée humaine se
fait Noria, mais noria triste.
Car
la douleur n’est pas abolie et la noirceur demeure dans le monde et dans le
cœur de l’homme, à la fois sapiens et
demens, capable du sublime et du plus
sordide. Et le sordide n’est pas seulement l’apanage des autres, des monstres : c’est en chacun que sommeille
la bête, celle qui piétine autrui pour le dominer ou qui l’étouffe sous trop de
sollicitude ou de dépendance.
Aussi
le désespoir semble être le sort des plus lucides. Comme par un châtiment, mais
un châtiment sans cause, sans faute, autre que la naissance elle-même. La vie serait ce destin qui
s’acharne sur vous, sans autre but que de vous conduire à la mort. L’absurdité
serait totale, la vie un simple couloir et la dérision la seule parade. A moins que ce ne soit la violence.
Mais alors pour ceux qui veulent vivre,
être heureux, le grand nombre, qu’en serait-il ? Dans le quotidien
comme devant les coups du sort, ils n’auraient d’autre alternative que la fuite
en avant dans l’oubli ? Doublée d’une terrible angoisse ? Perspective
étriquée que domine le Principe de
Précaution.
A
moins que l’individu ne soit pas aussi libre de ses choix qu’il ne le
croit ? Et donc pas aussi seul qu’il ne l’imagine. Ou qu’un de ces retournements
de fortune dont l’Histoire a le secret ne pose tôt ou tard le problème
autrement ?
Ou encore que l’humanité voie s’ouvrir une nouvelle ère pour le mythe et le symbole ?
Ou encore que l’humanité voie s’ouvrir une nouvelle ère pour le mythe et le symbole ?